La culture est-elle un facteur de rebond économique ?



Vendredi 30 Mai 2014
La Rédaction

La publication du "Panorama économique des industries culturelles et créatives" en janvier 2014, réalisé par la cabinet EY (ex-Ernst&Young) à l'initiative de la plateforme France Créative* est la première du genre. Elle permet de démontrer la vitalité de ce secteur en France, secteur qui entend bien prendre sa part au rebond économique attendu dans notre pays.


Les industries culturelles ont ceci de paradoxal : elles sont bien repérées par les Français en terme d'offre (musique, cinéma, théâtre, édition...) mais bien moins connues dans leur réalité économique. Or, les neuf industries culturelles et créatives qui constituent ce secteur sont bel et bien des vecteurs de croissance et d'emplois, en grande partie non délocalisables et répartis sur l'ensemble du territoire français. 

D.R.
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Un poids économique supérieur à celui du luxe

Le poids économique de la culture est de 74 milliards d'euros. Il dépasse celui du luxe et avoisine celui des télécommunications. En termes d'emplois, ce sont 1,2 millions d'actifs qui travaillent dans la culture et les retombées économiques de ces activités en région sont très fortes. Ce sont les arts graphiques et plastiques qui génèrent le plus gros chiffre d'affaires du secteur, avec 19,1 milliards d'euros. Viennent ensuite la télévision (14,9 milliards d'euros), la presse (10,7 milliards d'euros) et la musique (8,6 milliards d'euros).

Un secteur adapté aux mutations technologiques

Le secteur a démontré depuis longtemps sa volonté de s'adapter aux innovations technologiques, comme récemment au numérique, ce qui est un gage de pérennité dans un environnement en constante mutation. Démontrant par exemple que l'édition a su inventer des modèles économiques innovants, Arnaud Nourry, le PDG d'Hachette Livre, relevait dans une interview au Figaro en 2013 que "l'édition est la seule industrie culturelle à gagner de l'argent avec le numérique" et ce, même si les usages de la lecture numérique n'ont pas encore complètement décollé en France. Ces nouvelles formes de création et de distribution constitueront sous peu des relais de croissance sans pour autant cannibaliser l’édition traditionnelle au format papier.

Une vraie dimension internationale...

Contrairement à de nombreux secteurs d'activité, celui de la culture a une balance commerciale excédentaire de 300 millions d'euros (en 2011). Les Français ont souvent une fausse idée de l'importance du secteur face aux géants anglo-saxons. Peu de gens savent par exemple que la première entreprise de production musicale au monde, Universal Music Group, est une filiale de Vivendi ou que Deezer, un des leaders mondiaux de la musique en streaming est aussi une entreprise française. Son patron, Axel Dauchez, ne compte pas s'arrêter là et indiquait dans une récente interview à Challenges : "L’année 2014 sera américaine, Deezer est déjà dans 182 pays, mais nous sommes encore absents des Etats-Unis". A propos de son succès, il note que "C’est une reconnaissance, car le modèle d’écoute de musique par abonnement est considéré comme le plus adapté aux besoins des consommateurs."

La France abrite également le troisième éditeur mondial de jeux vidéo, Ubisoft ainsi que le troisième groupe mondial de l’édition, Hachette. Au Forum "Avenir de la culture, avenir de l'Europe", organisé par le ministère de la culture qui se tenait début avril, son PDG, Arnaud Nourry soulignait que "dans l’édition, nous avons des champions européens qui sont aussi des champions mondiaux : Pearson, Bertelsmann et Hachette Livre (…)  L’industrie du livre est quasiment autosuffisante : nous finançons nous-même la création." 

... Et une très bonne couverture des territoires nationaux

L'emploi dans les industries culturelles est particulièrement fort auprès des jeunes actifs et dans les régions, favorisant cohésion sociale et dynamisme territorial. Les retombées économiques sont considérables tant à l'échelle locale que régionale, notamment pour l'industrie du tourisme. Lille, Lyon, Marseille ou encore Avignon ont des projets culturels très ambitieux qui leur garantissent de fortes retombées.
 
A Avignon, le festival génère des retombées sur la ville estimées à plus de 20 millions d'euros, sans compter celles du "festival off". Dans des villes moins importantes, l'organisation de festivals est un véritable dopant des économies locales. "Jazz in Marciac" rapporte chaque année au moins 9 millions d'euros à sa commune de 1300 habitants, pour un budget de 3,5 millions d'euros financé à hauteur de 75% par la billetterie. A Aurillac, où a lieu chaque année le festival international de théâtre de rue, chaque euro investi en rapporte 4 à l'économie locale. Quant au festival des Vieilles Charrues (Finistère), il rapporte environ 5 millions d'euros et fait travailler près de 300 entreprises dont la majorité sont basées dans la région.
 
En représentant 3,2% du PIB et 2,5% de l'emploi actif en France, le secteur culturel a un poids significatif dans l'économie française. L'étude commanditée par le gouvernement a démontré à quel point sont corrélées les implantations culturelles structurelles et le développement socio-économique des territoires. Enfin, plusieurs poids lourds du secteur culturel et d'envergure internationale sont français et démontrent leur bonne santé ainsi que leur adaptabilité au numérique, évolution qui a récemment bouleversé les chaînes de valeur de l'économie culturelle. Autant d'atouts et de valeurs qui permettent de penser que le rebond économique tant attendu en France passera aussi par l'industrie culturelle.
 
 
* France Créative est une plateforme qui regroupe les acteurs des industries culturelles et créatives, parmi lesquels :
L’ADAGP (Société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques)
L’ADAMI (Société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes)
L’AIPG (l’Association de la Presse d’Information Politique et Générale)
La FESAC (Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma)
L’ESML (Association des éditeurs de services de musique en ligne)
La PROCIREP (société civile des Producteurs de Cinéma et de Télévision)
Le PRODISS (Syndicat national des producteurs, diffuseurs et salles de spectacles)
La SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique)
Le SNE (Syndicat national de l’édition)
Le SNEP (Syndicat national de l’édition phonographique)
Le SNJV (Syndicat national du jeu vidéo)
La SPPF (Société civile des producteurs phonographiques)
L’UPFI (Union des producteurs phonographiques français indépendants).
 








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