Un fonds au cœur du débat politique norvégien
Le 11 août 2025, le Fonds souverain norvégien, géré par Norges Bank Investment Management (NBIM), a annoncé avoir rompu tous ses contrats avec les gestionnaires d’actifs israéliens et vendu ses parts dans 11 entreprises israéliennes. Ce geste, officiellement motivé par des impératifs éthiques face à la situation humanitaire à Gaza, intervient dans un contexte de fortes tensions internes à la veille des élections législatives prévues en Norvège le 9 septembre 2025. Une manœuvre économique, certes. Mais dont les répercussions politiques sont immédiates et profondes.
Le Government Pension Fund Global, fort de ses 2.000 milliards de dollars d’actifs, représente une pièce maîtresse de la politique économique norvégienne. S’il agit officiellement de manière indépendante, sa gouvernance reste placée sous l'autorité du ministère des Finances. Or, c’est précisément ce lien institutionnel qui alimente les critiques.
Le Parti travailliste, actuellement au pouvoir, soutient la décision du fonds, en invoquant la responsabilité de la Norvège en matière de droits humains. Le Premier ministre Jonas Gahr Støre s’est exprimé de manière prudente mais solidaire : « La Norvège a toujours prôné une politique extérieure fondée sur l’éthique et le droit international. Il est logique que son fonds souverain s’y conforme ». À droite, le Parti conservateur dénonce une décision « précipitée et symbolique », susceptible d’altérer les relations bilatérales avec Israël, partenaire économique et technologique de longue date. La candidate à la tête du parti, Erna Solberg, a même qualifié cette opération de « geste idéologique dangereux à visée électoraliste » dans une tribune publiée le 12 août 2025 dans Aftenposten.
Le Government Pension Fund Global, fort de ses 2.000 milliards de dollars d’actifs, représente une pièce maîtresse de la politique économique norvégienne. S’il agit officiellement de manière indépendante, sa gouvernance reste placée sous l'autorité du ministère des Finances. Or, c’est précisément ce lien institutionnel qui alimente les critiques.
Le Parti travailliste, actuellement au pouvoir, soutient la décision du fonds, en invoquant la responsabilité de la Norvège en matière de droits humains. Le Premier ministre Jonas Gahr Støre s’est exprimé de manière prudente mais solidaire : « La Norvège a toujours prôné une politique extérieure fondée sur l’éthique et le droit international. Il est logique que son fonds souverain s’y conforme ». À droite, le Parti conservateur dénonce une décision « précipitée et symbolique », susceptible d’altérer les relations bilatérales avec Israël, partenaire économique et technologique de longue date. La candidate à la tête du parti, Erna Solberg, a même qualifié cette opération de « geste idéologique dangereux à visée électoraliste » dans une tribune publiée le 12 août 2025 dans Aftenposten.
Un contexte électoral à haut risque
La date du désengagement n’est pas anodine, à moins d’un mois avant les élections législatives. Et les signaux ne trompent pas. À gauche, les partis comme Sosialistisk Venstreparti et Rødt saluent un tournant attendu, eux qui militent de longue date pour le retrait de toutes les entreprises opérant dans les territoires palestiniens occupés. À l’inverse, le Parti du Progrès (FrP) critique une « dérive morale arrogante », soulignant que la Norvège s’expose à des représailles diplomatiques et à une perte de crédibilité économique.
Dans les sondages récents, l’électorat semble divisé. Un sondage Norstat pour NRK publié le 12 août 2025 révèle que 46% des Norvégiens soutiennent le désinvestissement, tandis que 42% le désapprouvent. Le clivage est net entre jeunes urbains et classes moyennes rurales, plus sensibles aux enjeux sécuritaires.
Dans les sondages récents, l’électorat semble divisé. Un sondage Norstat pour NRK publié le 12 août 2025 révèle que 46% des Norvégiens soutiennent le désinvestissement, tandis que 42% le désapprouvent. Le clivage est net entre jeunes urbains et classes moyennes rurales, plus sensibles aux enjeux sécuritaires.
Israël réagit avec prudence mais fermeté
Du côté israélien, le ministère des Affaires étrangères a officiellement qualifié la décision du fonds norvégien de « regrettable et contre-productive ». Le porte-parole du gouvernement israélien, Eylon Levy, a déclaré dans un communiqué du 12 août 2025 : « Cette décision n’apportera aucune paix, mais pourrait nuire à une coopération constructive entre deux démocraties respectueuses du droit ».
Si aucune mesure de rétorsion n’a encore été annoncée, le gel de certains accords commerciaux en discussion pourrait devenir une réalité. Notamment dans le domaine des hautes technologies civiles et militaires. Un diplomate israélien basé à Oslo a indiqué anonymement à Haaretz qu’« un refroidissement diplomatique est déjà perceptible ».
Si aucune mesure de rétorsion n’a encore été annoncée, le gel de certains accords commerciaux en discussion pourrait devenir une réalité. Notamment dans le domaine des hautes technologies civiles et militaires. Un diplomate israélien basé à Oslo a indiqué anonymement à Haaretz qu’« un refroidissement diplomatique est déjà perceptible ».
La doctrine éthique du fonds en question
Depuis sa création, le conseil éthique du fonds norvégien fixe des lignes rouges : respect des droits humains, interdiction du financement d’entreprises produisant des armes nucléaires, exclusion des entreprises impliquées dans de graves violations. Mais le cas israélien, en particulier l’investissement dans Bet Shemesh Engines Ltd, a mis en lumière des failles dans le contrôle initial.
Le 6 août 2025, le conseil éthique a reconnu dans un rapport interne qu’il y avait eu un « manquement dans la vigilance » lors de l’évaluation du fournisseur de l’armée israélienne. Cette autocritique a précipité la décision politique du 11 août, selon plusieurs analystes cités par Dagens Næringsliv.
Le 6 août 2025, le conseil éthique a reconnu dans un rapport interne qu’il y avait eu un « manquement dans la vigilance » lors de l’évaluation du fournisseur de l’armée israélienne. Cette autocritique a précipité la décision politique du 11 août, selon plusieurs analystes cités par Dagens Næringsliv.
Entre pression citoyenne et diplomatie économique
Au-delà des considérations géopolitiques, la pression vient aussi de la société civile. Depuis mai 2024, plusieurs campagnes citoyennes et universitaires appelaient au désinvestissement complet des entreprises liées aux activités militaires israéliennes. Les ONG Norwatch et FIVAS ont documenté l’implication de certaines sociétés dans des violations du droit humanitaire à Gaza.
Mais ce choix, salué par certains comme un exemple de courage éthique, est jugé par d’autres comme une instrumentalisation électorale. D’autant que le Parlement norvégien avait rejeté en juin 2025 une motion appelant à se retirer de toutes les entreprises actives dans les territoires palestiniens occupés. Un paradoxe relevé par plusieurs éditorialistes.
Mais ce choix, salué par certains comme un exemple de courage éthique, est jugé par d’autres comme une instrumentalisation électorale. D’autant que le Parlement norvégien avait rejeté en juin 2025 une motion appelant à se retirer de toutes les entreprises actives dans les territoires palestiniens occupés. Un paradoxe relevé par plusieurs éditorialistes.
Une fracture visible sur la scène internationale
La décision du Fonds souverain norvégien ne fait pas que diviser la Norvège. Elle fragilise la cohérence européenne, alors que l’Union européenne peine à adopter une position unifiée sur le conflit israélo-palestinien. Certains diplomates redoutent un effet domino : des fonds scandinaves ou néerlandais pourraient emboîter le pas, déclenchant un mouvement global de désinvestissement politique.
À Bruxelles, un haut responsable de la diplomatie européenne a confié à Politico Europe : « Ce genre d’initiatives individuelles, même louables, affaiblit notre capacité à parler d’une seule voix sur le plan diplomatique ».
À Bruxelles, un haut responsable de la diplomatie européenne a confié à Politico Europe : « Ce genre d’initiatives individuelles, même louables, affaiblit notre capacité à parler d’une seule voix sur le plan diplomatique ».