Promesses d’autonomie : Tesla doit faire face à une action de groupe



Jeudi 21 Août 2025
Anton Kunin

Un juge fédéral a validé une action collective contre Tesla, accusée d’avoir survendu pendant huit ans les performances de son système « Full Self-Driving ». Pour les investisseurs, l’affaire illustre les risques financiers liés à la communication ambitieuse d’Elon Musk et soulève la question de la gouvernance d’entreprise.


Une communication jugée trompeuse

Le 19 août 2025, aux États-Unis, la juge fédérale Rita Lin a autorisé une class action regroupant des conducteurs californiens contre Tesla. Ces derniers estiment que la marque a largement surestimé les capacités de sa technologie « Full Self-Driving » (FSD). La décision intervient alors que Tesla est déjà sous pression judiciaire et boursière, révélant un alignement inquiétant entre risque technologique et risque réputationnel.

Selon la décision, Tesla a communiqué de manière répétée depuis octobre 2016 sur la présence de matériel censé permettre une conduite autonome complète. En réalité, l’absence de certains capteurs essentiels rendait impossible la promesse d’un véhicule capable de parcourir de longs trajets sans intervention humaine.

La communication de l’entreprise ne s’est pas limitée aux campagnes marketing. Elle s’est inscrite dans la stratégie d’Elon Musk, relayée via les conférences avec analystes, les newsletters aux clients et le site officiel. Cette exposition massive a renforcé la perception d’une technologie imminente. Les automobilistes ayant acheté un FSD entre 2016 et 2024 constituent le cœur du recours collectif, contrairement aux utilisateurs de l’« Enhanced Autopilot », jugé moins ambitieux.

Un cumul de risques financiers et juridiques

L’action de groupe se superpose à d’autres revers. Le 1er août 2025, un jury de Floride a condamné Tesla à verser 329 millions de dollars après un accident mortel lié à l’Autopilot. Ce jugement — dont 200 millions en dommages punitifs — souligne la sévérité croissante des tribunaux vis-à-vis de la sécurité automobile.

Par ailleurs, Tesla et Elon Musk sont attaqués par leurs propres actionnaires. Ces derniers reprochent au dirigeant d’avoir exagéré les perspectives du projet « Robotaxi ». Après un test défaillant, le titre a perdu 6,1% en séance, effaçant 68 milliards de dollars de capitalisation.

Un risque financier direct pour Tesla

Pour Tesla, ces affaires traduisent un risque réputationnel qui se transforme en risque financier direct. L’action de groupe pourrait aboutir à une indemnisation de plusieurs centaines de millions, voire davantage, en fonction du nombre de plaignants et des dommages retenus. Mais au-delà des coûts, c’est la crédibilité même de la stratégie « autonomie totale » qui se trouve fragilisée.

Pour l’industrie automobile, l’affaire constitue un signal d’alerte. La valorisation des constructeurs automobiles repose largement sur leurs promesses technologiques. Lorsque celles-ci ne se matérialisent pas, la sanction peut être immédiate : perte de confiance des conducteurs, exposition judiciaire et volatilité boursière. Pour les investisseurs CSP+, habitués à évaluer le risque sous toutes ses formes, Tesla illustre la frontière ténue entre innovation visionnaire et surestimation dangereuse.








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