Épargne réglementée : un rapport parlementaire dénonce une inefficacité structurelle



Jeudi 15 Mai 2025
Anton Kunin

Un rapport parlementaire présenté à l’Assemblée nationale le 14 mai 2025 préconise une réforme de l’épargne réglementée. Il critique l’inefficacité actuelle des produits comme le Livret A ou le LEP face à l’inflation, et propose plusieurs leviers d’action, notamment du côté des banques.


Livret d'épargne populaire : 40% des Français éligibles n'en détiennent pas

Le rapport parlementaire rédigé par Jean-Philippe Tanguy (Rassemblement national) et François Jolivet (Horizons) met en cause l’organisation actuelle des produits d’épargne réglementée. Il souligne que la diversité de l’offre — incluant le Livret A, le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), le Livret d’épargne populaire (LEP) ou encore les livrets d’épargne entreprise — constitue un système complexe et peu lisible pour l’épargnant. Selon les auteurs, cette architecture produit une allocation sous-optimale des ressources, et notamment un usage insuffisant du LEP, pourtant mieux rémunéré. François Jolivet affirme que « 40% des Français éligibles ne détiennent pas de LEP mais un Livret A », bien que le taux du LEP soit supérieur (5% au 1er février 2025, contre 3% pour le Livret A).

Les parlementaires pointent également un déficit d’information imputable aux banques. Le rapport estime que les établissements ne remplissent pas correctement leur mission d’orientation des clients vers les produits les plus rémunérateurs. « Les banques ne dirigent pas l’épargne des Français les plus modestes vers les meilleurs placements réglementaires, alors qu’elles assument une mission d’intérêt général », déclare Jolivet lors de l’audition du 14 mai 2025. Le rapport suggère que les commissions bancaires sur la collecte d’épargne pourraient être réduites afin d’inciter les banques à recommander les placements les plus protecteurs.

Le Livret A « crée une illusion de sécurité » : 300 milliards d’euros de pouvoir d’achat perdus

Entre 2020 et 2023, les députés estiment que 300 milliards d’euros de pouvoir d’achat ont été perdus du fait de l’érosion monétaire non compensée par les taux des livrets réglementés. Jean-Philippe Tanguy souligne que la formule actuelle de calcul du taux du Livret A « ne protège plus de l’inflation » et qu’elle crée une illusion de sécurité. Cette protection en capital nominal, sans garantie réelle sur le pouvoir d’achat, constitue un biais de perception selon les auteurs du rapport. « Les épargnants pensent que leur épargne est protégée, alors qu’elle ne l’est pas contre l’érosion monétaire », précise Jean-Philippe Tanguy.

Dans leur rapport, les deux députés proposent plusieurs pistes d’ajustement technique. Ils évoquent une simplification de la formule de calcul des taux, un élargissement des usages des fonds collectés, ainsi qu’une meilleure transparence sur les affectations de ces ressources. Les députés insistent aussi sur la nécessité de renforcer le financement de secteurs comme le logement social, les PME ou encore l’économie sociale et solidaire via l’épargne réglementée. Enfin, ils recommandent une réflexion sur le niveau de centralisation des fonds au sein du Fonds d’épargne, et la possibilité de revoir la fiscalité applicable à ces placements dans le cadre d’une réforme globale.








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