Garantir les dépôts dans un contexte de crise de l’euro : quelle faisabilité?



Vendredi 15 Juin 2012

La crise a conduit les Grecs au faire un usage intensif du distributeur de billets durant la première moitié de l’année 2012. Aujourd’hui, les craintes liées à une perte de patrimoine semblent se propager dans d’autres pays d’Europe. D’ores et déjà, différents membres de l’Union caressent ainsi l’idée d’élaborer des mesures en vue de garantir la sécurité des dépôts des épargnants.


Garantir les dépôts dans un contexte de crise de l’euro : quelle faisabilité?
À l’heure où l’on redoute l’effondrement financier de plusieurs pays européens, certains épargnants peuvent être tentés de changer de banque au profit d’une institution moins exposée au risque international ou de thésauriser leur fortune pour la mettre à l’abri d’un accident financier majeur. En Grèce, de tels mouvements monétaires et financiers sont observés depuis le début de l’année 2012 et ont naturellement été accélérés par l’annonce d’un possible retour à la drachme comme solution de dernier recours pour rétablir le budget du pays.
 
En ce début de mois de juin 2012, la France reste épargnée par ce phénomène. Les flux de capitaux entrants y sont certes moins importants qu’auparavant, car le pays reste intimement lié à la conjoncture européenne en l’occurrence assez difficile. Pour autant, l’idée d’y garantir les dépôts fait l’objet d’une certaine approbation dans l’Hexagone. Au mois de mai 2012, Michel Barnier, au nom de la Commission européenne, mais aussi François Hollande se sont ainsi montrés favorables à une éventuelle union bancaire européenne dont l’objet serait de créer un fond commun de sécurité destinée aux banques en difficulté ainsi qu’un fonds de garantie des dépôts. L'idée semble donc lancée, mais quelles sont les conditions techniques de sa réalisation ?
 
S’il peut être présenté comme légitime de souhaiter que les citoyens ne soient pas impactés financièrement par les erreurs de gestion et de gouvernance de certains pays voisins, il faut toutefois rappeler que le système bancaire mondiale repose sur un lien de confiance qui connecte entre elles les banques du monde entier. Cet état de fait remet fondamentalement en question la crédibilité d’un dispositif de garantie des dépôts isolés. En effet, une telle garantie reviendrait peu ou prou à limiter les capacités des banques à rembourser leurs emprunts et donc à les exclure partiellement du système financier.
 
C’est notamment pour cette raison qu’un tel projet de garantie des dépôts ne peut s’inscrire que dans le cadre d’une gestion centralisée et coordonnée des banques européennes ; soit le principe même d’une union bancaire. En imposant à toutes les banques les mêmes exigences de couverture, la Commission européenne envisage de permettre à tous les citoyens de la zone euro de bénéficier des mêmes garanties pour leur épargne. Les banques européennes, jouant pour leur part à contraintes égales au sein de la zone euro, n’auraient pas la possibilité de tirer avantage d’éventuelles différences nationales portant sur les montants garantis.
 
Dans le souci d’apaiser les marchés et ses parties prenantes, l’idée d’imposer des contraintes en faveur de la couverture des dépôts des épargnants européens est une idée qui semble faire de plus en plus recette au sein des institutions de l’Union européenne. Mais la mise en pratique d’une telle politique ne saurait avoir lieu sans une étroite coordination des banques et une harmonisation des contraintes pilotées le pouvoir politique. Garantir les dépôts au sein des pays du territoire de l’Union reste donc un pari technique et difficile. Aussi ambitieux soit-il par ailleurs, il ne permettra jamais de garantir l’intégralité de l’épargne européenne : les montants à couvrir seraient bien trop élevés et cela reviendrait à demander aux banques de posséder en propre plusieurs centaines de milliards d’euros et de ne pas s’en servir pour investir. Si cette solution devait être adoptée, il est donc probable que d’intenses débats aient lieu au préalable en vue de déterminer le niveau de ces garanties.








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