L'insolente performance des coopératives



Jeudi 17 Octobre 2013

Alors que le gouvernement va présenter une loi sur l’économie sociale et solidaire, le mouvement coopératif se porte bien malgré la crise. Sa résilience s’explique par les sept piliers qui le structurent. Explications, à travers l’exemple d’une enseigne bien connue des Français : Optic 2ooo.


L'insolente performance des coopératives
Ce fut une très bonne année que 2012 pour Optic 2000. La part de marché du réseau coopératif d’opticiens a progressé pour atteindre 13 %, selon les chiffres présentés le 22 mai 2013. En ces temps difficiles, le réseau a progressé malgré la crise, malgré la multiplication du nombre de magasins d’optique et, surtout, malgré l’émergence de pure players sur Internet qui représentent  aujourd’hui près de 10 % du marché des lentilles. Cette insolente santé est certes à mettre au compte du professionnalisme des opticiens du réseau. Mais il doit être également cherché dans le formidable impact du modèle économique choisi par Optic 2ooo, celui de la coopérative.
 
Car les coopératives, ce modèle d’entreprise démocratique, dont la gouvernance est fondée sur le principe « un homme, une voix », apparaissent comme un modèle extrêmement résiliant en période de crise, du moins davantage que la moyenne des entreprises françaises. En 2010, les coopératives ont vu leur chiffre d’affaires progresser de 5,1 % par rapport à l’année précédente. Entre 2008 et 2010, les 100 premières coopératives françaises ont continué d’embaucher, passant de 674 000 emplois en 2008 à 750 000 en 2010.
 
Ce portrait global se confirme si l’on se penche sur quelques coopératives en particulier quel que soit le secteur. Les coopératives financières ont bien résisté au choc de 2008, infiniment mieux que les banques traditionnelles, d’après un rapport de l’Organisation internationale du travail. Le chiffre d’affaire des sociétés coopératives ouvrières de production (SCOP) a progressé de 5 % en 2011 par rapport à 2010. Leur taux de pérennité à trois ans et de 82,5 % contre 66 % pour l’ensemble des entreprises françaises. Encore plus en en détail, si l’on revient au cas d’Optic 2ooo, on constate que, au cours de la période de crise, entre 2008 et 2012, le chiffre d’affaire moyen d’un magasin du réseau Optic 2ooo progresse alors que celui d’un magasin d’optique moyen chute lourdement. L’écart se creuse lourdement  entre les deux modèles passant de 104 000 euros en 2008 à plus de 177 000 euros en 2012.
 
Cette bonne santé s’explique largement par les principes qui régissent le mouvement coopératif. Ils se résument en sept valeurs. Les trois premières - démocratie, solidarité et transparence - font que tous les membres de la coopérative prêtent une attention extrême à l’état des comptes et aux prises de décision des dirigeants, lesquels sont comptables de leurs actes devant eux. L’exemple d’une entreprise, celle du réseau coopératif Optic 2ooo, montre à l’envi ces valeurs de démocratie, de solidarité et de transparence. Il suffit d’assister à la conférence de résultats du réseau organisée en mai dernier pour constater que les deux dirigeants, Didier Papaz (président) et Yves Guénin (secrétaire général), rendent compte avantageusement de leurs mandats devant le réseau et répondent aux questions les plus pointues des coopérateurs. La société est détenue exclusivement par des opticiens adhérents et dirigée par un Conseil d’administration composé de 9 membres élus pour 6 ans. Ceux-ci nomment à leur tête un président directeur général et un vice-président. Le conseil élabore la stratégie du Groupe en relation étroite avec les cadres de la société dont la supervision et la direction sont assurées par le secrétaire général. Ce modèle de gouvernance permet d’éviter les dérives que les entreprises traditionnelles ont connues au cours de cette crise. Autre conséquence de ces trois valeurs, les coopératives ne sont pas « opéables ». Les dirigeants se consacrent au développement de la coopérative. Ils peuvent oublier les putschs d’actionnaires et, donc, négliger la pression du court terme pour privilégier la vision stratégique de moyen-long terme. 
 
Dégagés de ce qui est une obsession pour les entreprises traditionnelles, les coopératives ne réagissent plus au coup par coup. Elles peuvent s’inscrire dans la durée, s’appuyant ainsi sur deux autres de leurs valeurs, la responsabilité et la pérennité. Une de leurs règles financières, fruit de la responsabilité - mettre en réserve une partie essentielle de leurs bénéfices – leur permet de continuer à investir pour préserver leur pérennité, même en période de crise. Le réseau Optic 2ooo, par exemple, a, malgré la crise, continué à investir pour lancer des projets forts, notamment un site de e-commerce qui propose un modèle innovant de réservation de lunettes par internet. Ce site, créé en 2012, a très rapidement, grâce aux investissements consentis, développé ses activités pour atteindre un chiffre d’affaires proche de celui d’un petit magasin. Et surtout, élément charnière d’une stratégie habilement conçue au profit des opticiens du réseau et non en concurrence de ceux-ci, le e-commerce voulu par l’enseigne ne cannibalise pas la clientèle des boutiques en dur. Au contraire, il est un dispositif de soutien aux ventes en captant les nouvelles générations de consommateurs pour les rediriger vers un point de vente physique où se poursuivra la mission de conseil de l’opticien. 
 
Deux autres valeurs portées par le mouvement permettent aux coopératives de résister à la crise : celle de proximité et de services. Les entreprises coopératives sont fortement enracinées dans leur tissu local, par une histoire parfois plus que centenaire. Les clients restent fidèles, malgré tout, à des entreprises qu’ils connaissent bien. Un avantage fort en période de turbulence. Le cas d’Optic 2ooo est révélateur à cet égard. Le réseau est particulièrement proche de ses clients. Le taux de satisfaction moyen exprimé par les clients s’élève au chiffre faramineux de 96 % et plus de sept clients sur dix sont prêts à recommander l’enseigne à leurs proches.

C’est ce modèle économique, vecteur de résilience à la crise, qui a certainement conduit le gouvernement à présenter devant le parlement, au second semestre 2013, une loi pour l’économie sociale et solidaire afin de le renforcer au service de l’emploi. Une loi inclusive, précise La Tribune, « ouverte à celles et ceux qui pensent que l'économie sociale et solidaire doit considérer comme siennes toutes les initiatives entrepreneuriales qui placent l'efficacité économique au service de l'intérêt général, dès lors qu'elles respectent les fondamentaux de gouvernance, de gestion sur le long terme et d'éthique financière ». Et accessoirement, pourrait permettre la création de 100.000 emplois nets au cours des prochaines années.








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