Nos chefs d’entreprise ont du talent!



Jeudi 28 Novembre 2013
La Rédaction

Paris est-il le centre de la France de l’économie et de l’innovation ? On pourrait être tenté de le croire : selon la dernière étude Altarès / Alpharès qui analyse la valorisation de 46 000 PME / ETI non cotées dans l’hexagone, la région Ile-de-France représente 53% de la valorisation totale du pays, ce qui tend à confirmer l’existence d’un « désert français » autour de ce pôle. Tout comme le fait que les success stories ne sont pas, pour autant, toutes franciliennes. La preuve par l'exemple.


Un souffle de visionnaire dans le monde de l’éolien

Quand Jean-Michel Germa fonde la Compagnie du Vent en 1989, les préoccupations écologiques commencent tout juste à émerger, chez les politiques comme chez les citoyens. Et pourtant, il en est déjà convaincu, malgré le scepticisme ambiant : l’éolien est une énergie propre, fiable, et deviendra compétitive. C’est dans l’Aude qu’il s’installe, à près de 800 km de Paris et son terreau d’ingénieurs et de financiers. Cela n’empêche pas la Compagnie du Vent de passer de 3 à 160 employés, et de s’imposer comme le précurseur de l’éolien en France : c’est elle qui installe la première éolienne du pays – dans l’Aude – en 1991, puis le premier parc éolien deux ans plus tard. C’est aussi la Compagnie du Vent qui installe le premier parc éolien d’Afrique, au Maroc, dès 2000. Près de 25 ans après la création de sa société, les évolutions technologiques et économiques ont donné raison à Jean-Michel Germa. Alors qu’on pensait le rendement des éoliennes instable, il explique qu’en fait on a réalisé avec le temps « que la production des éoliennes était en réalité assurée à plus ou moins 20% d’une année à l’autre et qu’elle était en grande partie prédictible ». Et, sur « le nerf de la guerre », la compétitivité économique de l’énergie éolienne, il se trouve qu’une fois pris en compte les coûts externes des énergies fossiles et du nucléaire (dépollution, traitement des déchets…), l’analyse « a permis de démontrer que l’éolien, puis le solaire, arrivent en tête des énergies les moins coûteuses ». Précurseur de son marché, La Compagnie du Vent prouve que les projets visionnaires ne naissent pas que dans la capitale.
Crédit: CC/ Wikimedia
Crédit: CC/ Wikimedia

L’une des plus belles success stories française du jeu vidéo vient de Roubaix

En 2001, trois employés d’une société internet décident de se lancer dans la création d’entreprise. Anthony Roux, Emmanuel Darras et Camille Chafer s’implantent naturellement sur « leur » territoire, à Roubaix. Ils créent Ankama, à l’origine une agence de marketing web. Mais les fondateurs ont l’ambition de se lancer dans le jeu vidéo, un domaine pourtant verrouillé par les géants du secteur, plutôt américains et japonais… Et c’est un succès ! Aujourd’hui, les deux titres phares d’Ankama sont des références : Dofus et Wakfu rassemblent 2.5 millions de joueurs actifs dans le monde par mois. La société compte 440 salariés –dans un bassin économique où le chômage est particulièrement fort - et affiche près de 41 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ankama se différencie par une stratégie gagnante : tout le budget est investi dans la création, et les univers se déclinent sur différents supports, dans une logique transmédia (mangas, presse, produits dérivés…). « C'est vraiment l'ADN de la société » explique Anthony Roux. Et depuis son fief roubaisien, Ankama s’exporte jusqu’au bout du monde, notamment en Amérique latine où le succès est particulièrement important. Mais pas question pour autant de quitter le nord : Ankama a racheté et restauré une ancienne usine, qui abrite désormais le siège de la société.  « C’est vrai, c’est aussi une vraie fierté pour nous d’avoir fait ça ici, cette usine est un symbole, il y a un vrai impact et les politiques le savent », peut s’enorgueillir Anthony Roux, qui prouve qu’une PME régionale peut rivaliser avec les plus grands groupes internationaux, y compris dans un secteur IT !

Des produits sarthois dans les cultures du bout du monde

En Pologne, en Allemagne ou au Maroc, si certains éleveurs et agriculteurs limitent l’utilisation d’antibiotiques et de pesticides sans diminuer la rentabilité de leurs cultures, c’est grâce à Biodevas, spécialisée dans la recherche et le développement de produits de biotechnologie végétale. Cette PME française créée en 2005, et affichant depuis une croissance de 30% par an, n’est pourtant pas voisine des grands laboratoires franciliens. Son fief se situe à Savigné-L’Evêque, dans la Sarthe. Elle vient d’ailleurs d’agrandir son site de production, et prévoit  au moins 2 à 3 embauches par an ces 3 prochaines années. François Blua, son président, explique l’intérêt de ses produits : « On n’est pas contre l’utilisation des pesticides car les agriculteurs doivent conserver leur rentabilité. Nous venons en complément pour améliorer la qualité et les rendements ». Un complément plus naturel, plus sain, et plus respectueux de l’environnement : « aujourd’hui, l’accueil est bon chez beaucoup de personnes qui ont envie d’avancer », observe François Blua, dont la société est promise à un bel avenir. D’ici 2018 en effet, la règlementation va drastiquement limiter l’autorisation d’utilisation des pesticides – une réduction prévue de l’ordre de 50%. Forte d’une importante capacité de recherche et développement (10 à 15% des revenus sont investis en R&D) et d’un label international Iso 22000 relatif à la sécurité alimentaire qu’elle est une des rares à détenir, Biodevas se lance même aujourd’hui sur le marché des particuliers. Une autre belle perspective de croissance à venir pour cette petite entreprise régionale, qui n’en est pas moins visionnaire et innovante…

Ankama, La Compagnie du Vent ou Biodevas ne sont que trois emblèmes parmi tant d’autres du dynamisme régional qui anime la France, impulsé par des chefs d’entreprise qui croient en leur projet et parviennent à créer de l’emploi et de la richesse dans des lieux où on ne les attendait pas forcément. Pour peut-être, un jour, s’afficher aux côtés de groupes qui ont allégrement dépassé le millier d’employés sans s’éloigner de leurs racines, tels que les symboliques Michelin, Hager ou Somfy, qui, tous, brillent sur les marchés internationaux depuis Clermont-Ferrand en Auvergne, Obernai en Alsace et Cluses en Savoie.     




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