La fraude sociale « pèserait » 13 milliards d’euros par an



Jeudi 26 Septembre 2024
Anton Kunin

C’est une nouvelle estimation de l’ampleur de la fraude sociale qui vient d’être dévoilée. Cette fois-ci, elle provient du Haut Conseil au financement de la protection sociale (HCFiPS), qui l’estime à 13 milliards d’euros par an. Sur ce montant, seuls 2,1 milliards d’euros seraient détectés et stoppés à temps, et seuls 600 millions d’euros recouvrés.


Fraude sociale : le taux de recouvrement reste très faible

Le système de protection sociale français repose sur une redistribution équitable des ressources pour réduire les inégalités. Toutefois, la fraude sociale menace cet équilibre en créant des dysfonctionnements qui nuisent à la confiance des citoyens dans le système. Dans un nouveau rapport, le Haut Conseil au financement de la protection sociale (HCFiPS) insiste sur l’importance de l’évaluation de la fraude afin de pouvoir la combattre efficacement. Cette évaluation est d’autant plus essentielle qu’elle permet de hiérarchiser les priorités et de comprendre les zones à risque. Par exemple, les fraudes imputables aux assurés sociaux ne représentent qu’un tiers des montants estimés. Alors même que les micro-entrepreneurs sont responsables dans des proportions bien plus importantes.

Un autre enjeu majeur de la lutte contre la fraude est l’efficacité des recouvrements. En effet, le rapport souligne que seulement 10% des sommes détectées dans les cas de travail dissimulé sont recouvrées. Cela s'explique en partie par la disparition rapide de certaines entreprises, organisant leur insolvabilité avant que les autorités ne puissent intervenir. Pour pallier ces problèmes, le HCFiPS recommande de consolider les méthodes d’évaluation et de détection, tout en homogénéisant les concepts utilisés pour garantir une transparence dans la communication des résultats.

Mieux comprendre les mécanismes de la fraude pour mieux la prévenir

Le rapport met également en avant la faiblesse des mesures de prévention contre la fraude. Bien que les contrôles soient cruciaux pour dissuader et punir les comportements frauduleux, une approche préventive s’avère indispensable. Le HCFiPS recommande de lutter contre les normes et processus « fraudogènes » et de revoir l'organisation économique dans certains secteurs, comme les plateformes de travail, afin de garantir la sécurité des droits sociaux. De plus, il préconise de mieux comprendre les sous-jacents économiques dans des secteurs comme la petite enfance ou les soins aux personnes âgées pour anticiper les dérives potentielles.

En termes de gouvernance, le rapport recommande la création d’un observatoire économique pour anticiper les risques et de nouvelles approches pour encadrer des fraudes complexes. Par ailleurs, l’utilisation de technologies comme l’intelligence artificielle pour détecter les fraudes soulève la question de la protection des données personnelles. Le HCFiPS insiste sur la nécessité d’un encadrement strict de ces technologies afin de garantir l'égalité d’accès aux droits et de ne pas discriminer certains groupes de la population.








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